COUPE : LE FABULEUX PARCOURS DE GARDANNE

Publié le 06/07/2017

Il y eu deux explosions, ce jour-là. Une aux abords de Reggane, au milieu du désert algérien, où la France venait d’effectuer le 1er tir nucléaire de son histoire. Et une autre du côté d’Arles, sur l’autre rive de la Méditerranée, qui elle irradia de bonheur toute la France du foot. Et contribua à la légende de la Coupe de France, écrivant sans aucun doute l’une de ses plus belles pages…

 

Ce dimanche 14 février 1960, l’AS Gardanne, club de Promotion d’Honneur, se qualifiait pour les 8èmes de finale de la Coupe de France en éliminant Toulouse, cador de la 1ère Division (3-2). Paul Peyracchia était l’un des attaquants vedettes de ce groupe. « Vous savez, cette histoire, je la connais par cœur ! » se hâtera-t-il de confier, en préambule de cet entretien. Plus d’un demi-siècle plus tard, l’émotion est toujours aussi vive. Flash-back.

 

PEYRACCHIA : « ON N’ALLAIT QUAND MÊME PAS GAGNER LA COUPE !  » 

 

Paul Peyracchia, replacez-nous si vous le voulez bien dans le contexte de l’époque ?

On était une bande de copains mais nous avions été éparpillés aux quatre coins des Bouches du Rhône. Moi je jouais à Aix, j’avais fait quelques matches en professionnel, d’autres ailleurs, et puis un jour l’AS Gardanne s’est remontée et la direction s’est mise en tête de faire revenir tous les Gardannais. On avait 21/22 ans de moyenne d’âge et on était tous du coin, du bassin minier comme on disait. On pouvait déjà sentir une certaine joie à l’idée d’évoluer tous ensemble.

Une joie qui se traduisait par de bons résultats sur le terrain apparemment !

Oui. Au départ, cette Coupe, on l’a attaquée comme ça, sans trop y prêter importance. Mais comme on avait une équipe de DH pour jouer en PH et que ça tournait bien, inutile de vous dire qu’en championnat on s’est promené toute la saison. On a fini 1ers avec je ne sais combien de points d’avance. Nous avions tellement d’avance que justement, cela nous a permis de jeter toutes nos forces dans la bataille en Coupe de France.    

Quand le déclic se produit-il, ce moment où vous vous dites qu’il y a peut-être quelque chose à faire ?

Le match de Martigues, à Gardanne (voir encadré Parcours).

Pourquoi ce match ?

Je ne sais pas… Martigues (alors leader de la PHA), Gardanne (leader de la PHB), la proximité des deux villes c’était un peu le derby, y’avait quelque chose… Arrive la rencontre, on gagne 7-0. C’est le déclenchement, c’est le déclic ! Un stade plein à craquer, l’euphorie… C’est parti de là !

Arrive ensuite Menton !

Menton qui jouait en CFA quand même ! Et puis au tour suivant c’est une équipe de DH avec St Georges les Ancizes qu’on élimine également. 

Et vous vous retrouvez en 16èmes de finale de la Coupe de France contre Toulouse, un des grands clubs français ! Comment appréhendez-vous ce match ?

On savait que de toutes manières on n’avait rien à perdre. Nous avons joué notre jeu à fond sans rien changer. On avait notre ligne d’attaque à 4 éléments et on savait qu’on pouvait marquer à tout moment.

Et ça a marché puisque vous battez le TFC !

Le stade plein, la motivation, et puis techniquement ils ne nous ont rien appris ce jour-là ! Encore une fois, nous n’avions rien à perdre. Et encore on a joué la seconde mi-temps quasiment à 10 car on avait un joueur blessé et à l’époque il n’y avait pas de remplaçant.

Vous réalisez l’exploit, vous faites la Une de l’Equipe le lendemain mais justement, comment vous gérez cette période du « lendemain » ?

Pour moi, honnêtement, ça été un peu trop. Les télés, les journaux, il fallait répondre à tout le monde, on a été pris par les médias ! On a été dépassé par les évènements.

Ce qui expliquerait en partie votre élimination, le tour suivant, contre Lille ?

Là encore, très honnêtement, on n’a pas préparé comme il fallait ce match.

Vous aviez pris la « grosse tête », comme on dit ?

Ce n’est pas la grosse tête non plutôt la façon dont cela s’est déroulé avec les médias autour et tout le cirque. Je m’en rappelle à l’époque je travaillais aux Mines et la télévision qui est venu me filmer là à la sortie. On se demandait tous ce qu’il nous arrivait. Nous n’étions tellement pas habitués à tout cela.

Vous jouez Lille, à Nice, qui vous élimine. Comment vous vivez ce moment ?

Il fallait bien qu’un moment donné on perde ! On n’allait quand même pas gagner la Coupe de France.

Vous voulez dire que vous étiez soulagé ?

Oui, y’avait une petit peu de soulagement quand même. Nous étions allés trop haut je pense. Non moi il n’y a qu’une chose que je regrette, c’est le fait que si nous étions passés, nous gagnions le droit de jouer le tour suivant à Paris. Ensuite, la fin de saison a été magnifique, on a quasiment tout gagné, ça reste un moment extraordinaire.

A titre personnel, y-a-t’ il eu un avant et un après Coupe de France ?

Honnêtement non, ma vie n’a pas changé. On a eu notre prime de match, quelques clubs pros sont venus se renseigner sur moi mais j’ai préféré rester à Gardanne, j’avais ma situation, c’était une autre époque, bien différente de celle d’aujourd’hui. Mais peut-être que c’est finalement la communication avec le public qui restera comme le souvenir le plus fort. (Il s’arrête, apparemment ému) Lorsqu’on est rentré d’Arles après Toulouse, on rentre dans Gardanne avec le car et là une tête puis deux puis plein c’est là que je me suis « P… mais Paul qu’est-ce que tu as fait ? » Ca a été une fête inoubliable !!!

PARCOURS

1er tour : AS GARDANNE – LAVERA : 8-1

2ème tour : GSC STE MARTHE  – AS GARDANNE : 1-2

3ème tour : AS GARDANNE – ES PORT ST LOUIS : 3-2

4ème tour : LE MARTINET  – AS GARDANNE : 1-2

5ème tour : AS GARDANNE – FC MARTIGUES : 7-0

64èmes : AS GARDANNE – ROS MENTON : 5-2

32èmes : AS GARDANNE – US ST GEORGES LES ANCIZES : 5-2

16èmes : AS GARDANNE – TOUOUSE FC : 3-2

8èmes : AS GARDANNE – LILLE : 1-2

 

Articles les plus lus dans cette catégorie