FEMMES DE FOOT (2) : ROSETTE GERMANO
Publié le 10/12/2017
Dans le cadre du prochain France-Italie Féminines (20 janvier à Marseille), la parole est donnée à des Femmes de Foot licenciées de tous horizons. Deuxième volet avec l’entraineure de Cagnes Le Cros (Régional 2).
France Football, L’Equipe via Les Héros du Football d’Hyundai… l’ASCC a fait la Une de la presse sportive ces derniers jours en raison de son récent parcours en Coupe de France*. Mais la raison de cette notoriété est ailleurs. Et plus précisément du côté de l’entraineure de son équipe 1ère.
Car si la femme est l’avenir de l’homme alors Rosette Germano est le futur de Cagnes !
Jeune trentenaire pétillante au caractère bien trempé, la coach azuréenne est ainsi la nouvelle coqueluche des médias nationaux et régionaux. Son fait d’arme ? Parvenir à mener de main de maître une équipe masculine séniore évoluant en Régional 2.
Une femme présidant aux destinées d’un groupe d’hommes et qui a des résultats, autant dire que les clichés et autres caricatures en prennent pour leur grade.
Ce qui semblerait presque la gêner. Et ce qu’elle confirme d’emblée, opposant à ces projecteurs nouveaux sa sagesse de toujours : « C’est vrai que c’est sympathique oui, surtout si ça peut mettre en avant le club, les bénévoles et tous ceux qui participent à notre quotidien, c’est très bien. Mais pour moi qui suis assez discrète dans la vie… »
Une humilité qui rime avec solidité. Car logiquement, les débuts ont été alambiqués : « Effectivement, ma 1ère année a été un peu compliquée. Surtout que l’on ne parlait pas de moi lorsque j’étais adjointe. Il n’y avait aucun souci. Et puis j’ai repris l’équipe… J’aurais compris si je n’avais pas eu les diplômes requis, aucune compétence et pas de résultats. Mais honnêtement ce n’était pas le cas ! »
Quolibets dans le meilleur des cas, lynchages verbaux et insultes obligeant sa famille à quitter la tribune dans les pires moments, même lorsque l’équipe gagne.
Il en faut bien plus à cette Niçoise pour poser un genou à terre. Enfin sur le gazon. Car sportivement, c’est une réussite ! L’épilogue de sa 1ère saison est sifflé sur une montée. La récré aussi. C’est la fin des ennuis et le début d’une belle aventure.
Rosette Germano refuse pour autant de jouer les porte-drapeaux du féminisme. Pas question non plus de s’afficher en symbole de la mixité. Faire avancer la cause plutôt qu’en jouer. Elle précise : « Je ne suis dans l’absolu ni pour l’une ni pour l’autre et pas plus pour la parité. J’estime, qu’on soit un homme, une femme, valide ou pas, et indépendamment de ses origines ou de sa couleur de peau, la seule chose qui compte est la compétence. Après, je suis consciente que cela demande du courage de faire confiance en priorité aux compétences et à la qualification plus qu’à l’image.»
Rosette Germano a commencé à jouer au foot à 6 ans, à entraîner à partir de ses 16 printemps. « C’est une fonction à laquelle j’ai mûrement réfléchi. Je me suis formée, j’ai regardé, j’ai toujours cherché, et c’est toujours le cas aujourd’hui, à m’améliorer, à apprendre encore et encore. »
Une exigence qui l’a constamment portée et dont elle récolte aujourd’hui les fruits. Même si les stéréotypes ont la dent dure : « Un homme qui s’adresse à un groupe d’hommes, cela pose rarement problème. En revanche, une femme qui s’adresse à des hommes, là, cela doit tout de suite être beaucoup plus subtil. Cela demande un peu plus de réflexion et d’attention sur le ton, la façon de dire. Car cela peut être très vite mal perçu ou différemment interprété ! »
Entrepreneuse dans le privé (elle a créé son entreprise de préparation physique et de coaching personnel), sur les terrains le reste du temps, Rosette Germano court après le temps libre. Un planning surbooké qui l’empêche de savoir si elle pourra venir supporter les Bleues à l’Orange Vélodrome le 20 janvier prochain. « Ça dépendra de mes disponibilités, s’il y a match ou entrainement ». Mais elle sera en revanche « à fond derrière Corinne Diacre et ses joueuses. Mes origines sont italiennes, je ne les renierai jamais mais je suis pour la France à 100%, évidemment ! »
Un football italien dont elle aime rappeler tout son avant-gardisme dans le domaine de la mixité et de la féminisation. Qu’elle se rassure. En la matière, elle n’a vraiment rien à lui envier.
Rendez-vous à Marseille le 20 janvier 2018 :
*L’ASCC a été éliminée par le GFC Ajaccio (Ligue 2) le 12 novembre dernier au 7e tour, 4 buts à 1.