FEMMES DE FOOT (7) : CLAIRE STEPHAN

Publié le 14/01/2018

Dans le cadre du prochain France-Italie Féminines (samedi 20 janvier à Marseille), la parole est donnée à des Femmes de Foot licenciées de tous horizons. Septième volet avec Claire Stephan.

Elle a l’habitude qu’on lui demande si elle est de la famille de Guy, l’adjoint de Didier Deschamps – ce qui n’est pas le cas – et coutumière des gênes occasionnées lorsqu’on la voit s’installer sur le banc. Ingénieure logiciel chez Amadeus, fournisseur de solutions informatiques pour l’industrie du tourisme, qui, selon son propre slogan, dessine le futur du voyage, Claire Stephan esquisse, elle, l’avenir du foot. Celui d’une discipline où la mixité finira par être la norme.

Un mot sur votre parcours !

Je joue au foot depuis très longtemps. Au départ, dans mon village, il y avait un club mais qu’avec une seule équipe séniore. Et puis un jour, ils ont décidé d’ouvrir une section jeune, j’ai demandé si c’était réservé qu’aux garçons, on m’a répondu un peu étonné que non, alors j’ai postulé. Au grand dam de mes parents profs d’EPS mais qui voyaient quand même le foot d’un mauvais œil.

A cause des préjugés, du fait que le foot n’était censé être réservé qu’aux garçons ?

Pas forcément. Beaucoup plus par rapport à l’image véhiculée, à certains comportements. Pour autant, ils m’ont laissé libre de mon choix. J’ai ainsi joué au niveau local jusqu’à mon déménagement pour cause d’études à Toulouse, où j’ai intégré le TFC. Par la suite, j’ai évolué quelques mois aux Etats-Unis où ma vision du foot a pas mal évolué. Si ici, nous sommes sur une philosophie très technico-tactique, là-bas, c’est la qualité athlétique du sportif qui prime.

Comment vous êtes-vous retrouvée à la tête d’une équipe de Foot Entreprise ?

Il y a quelques années, je suis partie pour des raisons professionnelles en Australie et lorsque je suis revenue, j’ai un peu rejoué (avec l’équipe féminine de l’OGC Nice) mais très vite, je me suis retrouvée enceinte. Dès lors, j’ai dû mettre ma petite carrière sportive de côté. Un de mes collègues qui coachait de manière intérimaire l’équipe d’Amadeus m’a demandé si je souhaitais m’en occuper. J’ai accepté tout de suite car le ballon me manquait terriblement. Autant j’avais déjà entraîné l’équipe dans laquelle je jouais et l’expérience avait été mitigée autant là, j’en avais vraiment envie ! J’en suis à ma 2ème saison !

Peu de femmes, encore de nos jours, président aux destinées d’une équipe masculine. Comment percevez-vous le regard qui est posé sur vous au quotidien ?

Je n’ai jamais perçu de méchanceté. Après, de l’interrogation, oui, c’est presque quasi-systématique ! Surtout lorsque j’ai repris l’équipe. J’étais enceinte de six mois et mon ventre bien rond ! Lorsque j’arrivais, c’était souvent (elle mime vocalement l’étonnement) « Mais il est où votre coach ? C’est vous le coach ? Ah bon, vous n’êtes pas dirigeante ! » C’était d’autant plus drôle que lorsque je recroisais l’une de ces mêmes personnes, l’étonnement, le dédain, ces réactions laissaient place à la fierté. Du genre « Si si, je la connais, c’est bien elle la coache ! »

Que représente cette aventure aujourd’hui ? Est-ce une partie importante de votre vie ?

Ah oui, tout à fait ! Et puis quand je m’engage, je le fais à fond ! Au sein de l’équipe, nous avons de très bons joueurs. Des joueurs qui ont évolué en club mais qui sont aujourd’hui chefs de famille donc moins disponibles.  Notre rythme (2 entraînements hebdomadaires, à la pause déjeuner) leur permet de continuer à faire du foot tout en collant à leurs nouvelles disponibilités. La performance n’est plus l’unique objectif. Nous avons toujours envie de gagner mais à titre personnel, c’est surtout l’envie de les faire progresser, qu’ils adhèrent de nouveau à un projet qui perdait de son attrait.

Etes-vous mixité ou plutôt féminisation ?

J’ai toujours été dans un milieu d’hommes. Les histoires de quotas, je pense que ce n’est pas forcément bon. Cela peut même devenir négatif. Je reste lucide sur le fait qu’en tant que femmes, nous devons en faire plus pour être jugées au même niveau que les hommes, mais une fois le cap passé, nous sommes au moins sûres d’être reconnues pour nos compétences. Donner un poste à une femme parce qu’elle est femme est je pense beaucoup plus risqué que de lui attribuer parce qu’elle le mérite.   

Un mot sur le France – Italie de samedi prochain ?

La lumière faite sur le foot féminin à travers cet évènement est quelque chose d’extrêmement positif. Après, pour être franche, je suis très peu le football professionnel.

Terminons avec ce 16ème de finale de la Coupe Nationale Football Entreprise que vous jouerez samedi 27 janvier prochain contre Toulouse TOAC, quel est l’enjeu ?

C’est historique ! Rien que pour la qualification lors des 32èmes, beaucoup de collègues et amis sont venus nous soutenir, c’était une très belle fête !  Je pense que ce sera pareil ce coup-ci. Après, sportivement, nous partons dans l’inconnu même si je crois savoir que Toulouse est une très bonne équipe et que le niveau régional est globalement meilleur. Notre seule certitude est que ce sera difficile. Mais l’important est que tout le monde se fasse plaisir.

Pas de stage commando pour vos joueurs donc !

Non pas du tout mais si vous leur demandez, ils vous diront que si ! Je leur fais faire le travail foncier du retour des fêtes (Rires) !

Rendez-vous à Marseille le 20 janvier 2018 :

RESERVATION FRANCE-ITALIE 

Par Olivier Medan

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