MOHAMED SANHADJI L’ANGE GARDIEN DES BLEUS !

Publié le 08/12/2022

Attaché auprès de l’Equipe de France depuis plus de deux décennies, Mohamed Sanhadji, dit « Momo » ou « Peppone », originaire du Vaucluse, est le témoin privilégié de l’évolution des Bleus et le garant de l’Esprit Républicain en Sélection Nationale. Il évoque ici sa belle carrière qu’il dédie au Football qui lui a tant apporté.

Quels ont été vos clubs fréquentés en Méditerranée  ?

J’ai joué, au poste de milieu de terrain, meneur de jeu, puis libéro à Rians, Cucuron, Villelaure, Apt, Aix-en-Provence, Lauris, Cadenet où je suis né et où je vis, Avignon et Pertuis. À chaque fois, j’ai changé de club pour progresser et découvrir de nouveaux horizons, même si c’était à quelques kilomètres seulement. Cela me ramène à mon histoire lorsqu’enfant, enfermé dans un camp de harkis, j’avais une soif de libertés ! Je voulais sortir du cadre et aller à la rencontre des gens. Cette attitude a toujours été mon fil conducteur. En clubs, je préférais même jouer à l’extérieur pour découvrir de nouveaux stades, de nouveaux environnements…

Cette soif de découvertes et de voyages s’est également concrétisée, plus tard, sur le plan professionnel…

Oui. Au sein de l’Armée et de la Police, j’ai été amené à me déplacer dans des zones de guerre en Bosnie et au Kosovo notamment. Plus tard, j’ai officié auprès de la FFF, à partir de 1998, et depuis 2004 en tant qu’officier de sécurité au sein du staff tricolore. J’ai ainsi vécu tous les matches de l’Equipe de France (amicaux, phases éliminatoires et phases finales de Championnats d’Europe et de Coupes du Monde) et voyagé partout. Au total, je suis allé dans 130 pays sur tous les continents !

Un rêve d’enfant qui s’est réalisé…

Oui, totalement. Quand j’étais minot, au camp, des personnes nous laissaient anonymement des sacs de victuailles ou de vêtements. Un jour, j’ai trouvé au fond de l’un d’eux, un dictionnaire. Personne n’en avait voulu ! Un trésor pour moi. Je l’ai tout de suite caché sous le lit et, le soir, c’était mon livre de chevet. Il y avait, dans les premières pages, les drapeaux des pays ! J’ai tout mémorisé, les couleurs, les formes, les symboles. Je m’étais dit que j’irai tous les visiter…

Se retrouver dans un village du Vaucluse ou dans une grande Capitale, c’est le même ressenti ?

Absolument ! Je suis un rural et je le revendique. Je me sens très bien au fin fond du département où l’on a les pieds bien sur terre et je n’oublie pas d’où je viens (photo ci-dessous lors d’une soirée passée au club de Pertuis). Je me sens bien aussi dans les grandes mégapoles. Mon parcours montre que tout est possible et que l’on peut partir tout en bas pour arriver tout en haut. C’est ce que je transmets à mes deux enfants, joueurs en U10 à Pertuis et en U14 à La Tour d’Aigues.

Autre mot-clé issu du fameux dictionnaire : République !

J’ai accroché tout de suite sur ce mot qui m’a accompagné tout au long de ma vie, et ça continue ! La République Française m’a tout donné, alors que j’avais une existence difficile, et j’essaie de lui rendre, à mon niveau, ce qu’elle m’a apporté. Cet esprit, je le transmets aux joueurs depuis des années. Tous les matins, d’ailleurs, on fait le Salut, ils m’appellent « Monsieur République » et on prononce parfois le fameux « Vive la République, vive la France ! » Certains joueurs, comme Antoine Griezmann, l’ont repris en conférences de presse. C’est devenu un rituel en Equipe de France. Le football rassemble toutes les valeurs de la République, les riches et les pauvres, des personnes de toutes origines, de toutes cultures dans un esprit laïc. Le foot nous rassemble tous !

Quels sont les bons et mauvais souvenirs en Equipe de France ?

Le titre de 2018 bien sûr. Une compétition exceptionnelle que j’ai eu la chance de vivre de l’intérieur. Le pire a été Knysna en 2010. On sentait que ça allait arriver avec toute une chaîne de difficultés qui a abouti à ce que l’on a connu. C’était prévisible. Au-delà de tout ça, je retiens aussi tout ce que m’a apporté la Sélection. J’ai ainsi eu le bonheur de rencontrer les plus grands anciens joueurs de la planète lors des séminaires de la FIFA avant les grandes compétitions : Pelé, Cruyff, Maradona, Platini, Zidane… C’est extraordinaire pour un enfant de harkis. J’ai ainsi côtoyé ceux que je découvrais jadis dans les figurines Panini ou plus tard à la télévision. Un autre grand moment, plus récent, a été la remise de la Légion d’Honneur à l’Elysée par le Président de la République en 2021. La reconnaissance de mon parcours militaire, policier, et aussi de ma mission en Bleu.

Un dernier mot sur cette Coupe du Monde ?

Elle est vraiment particulière en raison de sa tenue en période automnale. C’est une compétition bien organisée et on assiste à des surprises car les valeurs sont nivelées. Il n’y a pas eu de préparation, en ce qui nous concerne notamment, et la fraîcheur physique va être déterminante. Le vainqueur sera probablement celui qui saura allier plusieurs ingrédients : talent, tempérament et fraîcheur. Allez les Bleus ! Vive la République et vive la France ! (Photos La Provence / Club)

Parcours de l’Equipe de France

Phase de poules : Australie (4-1), Danemark (2-1), Tunisie (0-1)

8èmes de finale : Pologne (3-1).

Quarts de finale : Angleterre (2-1).

Demi-finales : France – Maroc (mercredi 14 décembre, 20h00).

Par Hervé Galand

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