RÉUNION PRÉVENTION DE LA RADICALISATION DANS LE SPORT

Publié le 31/08/2018

Thème d’actualité, la sensibilisation à la prévention de la radicalisation dans le sport, a été à l’ordre du jour d’un colloque organisé, au CREPS Paca d’Aix-en-Provence, à l’initiative du Président du CROS Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hervé Liberman.

Le Président de la Ligue, Eric Borghini, Mourath N’Daw, président de la Commission Régionale des Actions Citoyennes et Sociales, Raphaël Boutin et Youri Danielou (LMF) ont participé à cette réunion présidée et animée par le Préfet de Police de Marseille, Olivier de Mazières (photo aux côtés du Président Borghini).

Cette réunion revêtait un caractère exceptionnel car le Préfet n’intervient pas souvent, en direct, auprès des Présidents de Ligue (environ 40 Fédérations/Ligues représentées), sur un sujet aussi brûlant, dans les moments difficiles que connaît notre pays.

Olivier de Mazières a ainsi incité le CROS à mener des actions pour aider au maintien de la laïcité dans les lieux publics avant de souligner que la pratique sportive intensive est un facteur aggravant du risque de radicalisation. Cela peut paraître surprenant mais la DGSI en a fait le constat : les personnes, se préparant au combat et au passage à l’acte, travaillent au préalable leurs aptitudes physiques par le biais du sport (salles de musculation, sports de combat), et se communautarisent avec refus de la mixité notamment. Ces cas restent minoritaires mais le Préfet a pu observer une sur-représentation de profils sportifs chez les auteurs d’attaques terroristes (frères Kouachi licenciés dans des clubs de football par exemple, cas dans des clubs de Boxe, etc.).

Le football est particulièrement suivi, notamment le futsal, mais aussi le basket (féminines), même si ces pratiques ne sont pas spécifiquement préoccupantes par rapport aux sports individuels et de combat. De plus, si le Préfet a pu constater, au cours de ses expériences précédentes, des cas de radicalisation dans des clubs de futsal de certaines régions (Ile de France, Hauts de France), il n’a pas encore observé de phénomène identique sur notre territoire depuis sa prise de fonction dans les Bouches-du-Rhône (Juillet 2017).

Alors comment procéder pour agir et sensibiliser à la prévention de la radicalisation ? Les dirigeants des instances et des clubs peuvent ainsi repérer des comportements et les signaler. A cet effet, le Préfet de Police souhaite pouvoir s’appuyer, dans chaque Ligue/Fédération, sur un référent habilité à faire passer un signalement inquiétant via des canaux spécifiques. L’objectif étant de créer un réseau de « lanceurs d’alertes » au sein des organisations sportives. « C’est aussi notre travail d’aller voir l’ensemble de nos partenaires, que ce soit des administrations publiques, le secteur privé ou associatif, pour les associer à notre démarche », a t’il précisé.

Eric Borghini, pour sa part, est intervenu en sa qualité de Président de la LMF et membre du COMEX, en soulignant les exigences croissantes de la mission de service public du sport, alors que l’on constate une baisse très significative des sommes allouées au titre du CNDS et la baisse de la subvention du Ministère des Sports. Il a, par ailleurs, proposé au représentant de l’Etat « d’animer un module de formation, à créer en lien avec ses services, sur la prévention de la radicalisation violente dans le football méditerranéen au sein de notre Institut Régional de Formation du Football (IR2F), et destiné aux Présidents de clubs, aux dirigeants, éducateurs et arbitres ».


5 mesures à mettre en place :

1) Prémunir les esprits face à la radicalisation (développer une culture de la vigilance, sensibiliser les cadres techniques et les directeurs des sports des municipalités).

2) Compléter le maillage détection/prévention (intégrer la prévention de la radicalisation à la formation des éducateurs).

3) Comprendre et anticiper l’évolution de la radicalisation (développer les actions de contrôle administratif).

4) Professionnaliser les acteurs locaux et évaluer les pratiques (identifier dans chaque fédération sportive nationale un responsable de la citoyenneté au sens large pour relais avec force de sécurité).

5) Adapter le désengagement (point non abordé lors de l’intervention mais qui consiste à passer d’une logique de déradicalisation à une volonté de prévenir davantage en amont).


Comment repérer ?

Création d’une plateforme nationale : http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/

La plateforme a vocation à avertir, sensibiliser, former le public. Elle présente notamment certains indicateurs de radicalisation :

– Indicateurs forts : prosélytisme (délit), discours complotiste, discours identitaires…

– Indicateurs faibles : changement de pratique vestimentaire, changement d’apparence, pratique religieuse ritualisée,… On recherche donc un faisceau d’indices.

Comment signaler ?

– Mise en place d’un numéro vert (qui représente environ 25% des signalements).

– Traitement par des policiers de l’UCLAT (Unité de Coordination de la Lutte Antiterroriste), qui écarte 30 à 40% des signalements reçus.

– Transmission des cas sérieux aux préfectures.

– Signalement par les acteurs locaux (Education Nationale, Conseil Départemental, CAF, entreprises, réseaux de transports, armée, etc…) (40 à 50 % des signalements).

– agences de renseignements (renseignement territorial, DGSI, douane, administration pénitentiaire…).

http://stop-djihadisme.gouv.fr / 

Numéro vert : 0800 005 696

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