ALBERT CAMUS : UN NOBEL DANS LES BUTS (CHAPITRE 2)

Publié le 19/01/2022

La Ligue Méditerranée a rejoint le dispositif « Une Année, un Auteur », initié par la Région Sud et l’Agence Régionale du Livre Provence Alpes Côte d’Azur, dédié au célèbre écrivain Albert Camus ! Tout au long de cette deuxième partie de saison, retrouvez une publication mensuelle qui lui est consacrée. 

Chapitre 2 – Un rêve de footballeur

Romancier, dramaturge, essayiste, metteur en scène, journaliste, Albert Camus se définissait avant tout comme un artiste.

Né en 1913, il n’a pas un an lorsque son père décède des suites de ses blessures contractées à la Bataille de la Marne. Seule, avec ses deux garçons, Catherine Sintès-Camus, sa mère, n’a alors d’autre choix que d’habiter dans le quartier pauvre de Belcourt d’Alger.

C’est là, à l’école primaire, que le jeune Albert découvre les joies du football. Il doit néanmoins être très vigilant à ne pas user sa seule paire de chaussures. Chaque soir, lorsqu’il rentre de l’école, sa grand-mère vérifie minutieusement si ses semelles sont usées ou non. Elle le bat quand elles le sont !

Malgré sa petite taille qui lui vaut les surnoms de « rase-motte » ou de « loin du ciel », Albert Camus se distingue par son habileté et c’est au poste de gardien de but qu’il va exceller.

À l’âge de 13 ans, il garde les buts de l’Association Sportive de Montpensier avant d’intégrer l’équipe junior du Racing Universitaire d’Alger. Dans les journaux de l’époque, on ne manque pas de souligner ses exploits. Malheureusement, ses rêves de carrière de footballeur vont être brisés lorsqu’il apprend, à l’âge de 17 ans, qu’il est atteint de la tuberculose, à l’époque maladie mortelle en Algérie.

Il en gardera le goût du travail collectif et de l’esprit d’équipe dans les activités théâtrales et journalistiques qui seront les siennes par la suite. Même s’il dut renoncer à le pratiquer, Albert Camus n’en conservera pas moins une passion pour le football. Dans tous ses grands romans, L’Etranger, La Peste, La Chute ou le Premier Homme, on trouve des références à ce sport.

« Ballon d’Or de la Littérature »

En 1957, c’est depuis le Parc des Princes qu’il commente l’obtention de son Prix Nobel de Littérature, « Ballon d’Or » des écrivains, pour les actualités françaises. Albert Camus ne manquera pas d’insister sur les nombreuses leçons que le football lui a enseignées. Il déclarera notamment que « c’est dans les buts qu’il a appris que le ballon n’arrivait jamais là où l’on l’attendait ». Cela lui fut fort utile dans un milieu intellectuel parisien où de nombreuses polémiques l’opposèrent à d’autres intellectuels dont Jean-Paul Sartre.

Dans son discours d’acceptation du Prix Nobel, il donne sa vision de l’artiste : « seul dans la création et pourtant membre à part entière de la communauté des hommes ». Cette définition évoque la position de gardien de but qu’il occupait. Seul dans ses cages et pourtant membre à part entière de son équipe…

Avec l’argent du Prix Nobel, Albert Camus achète en 1958 une maison à Lourmarin (Vaucluse) où il assiste régulièrement aux matches de l’équipe locale « les Jeunesses Sportives Lourmarinoises ». Cette équipe, comme celle d’Alger et du Racing Club Paris qu’il soutenait, joue en bleu et blanc. Il offrira au club un nouveau jeu de maillots.

Un an plus tard, lors d’une émission télévisée, il déclare que « le peu de morale qu’il sait, c’est sur les terrains de football et les scènes de théâtre qu’il a appris ».

Football, théâtre, sport, culture, Albert Camus nous montre que ces deux univers ne sont pas si éloignés qu’on voudrait le croire !

(sur la photo (DR) en bas avec la casquette de gardien)

Chapitre 1 – Introduction au Dispositif : ALBERT CAMUS 1 

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